Université du Québec à Rimouski
Laboratoire d'archéologie et de patrimoine Ruralys

 

Interventions archéologiques sur l'île Saint-Barnabé
(Rimouski, Québec), 2009

Manon SAVARD (UQAR), Dominique LALANDE (Ruralys), Nicolas BEAUDRY (UQAR)
avec la collab. de Sabrina LONGCHAMPS (UQAR)

Tourisme Rimouski

Présentation au
Council for Northeast Historical Archaeology 2009 Annual Meeting
Québec, 15-18 octobre 2009

|   Introduction   |   Inventaire   |   Prospection   |   Une archéologie publique   |   Conclusion   |   Références   |   Remerciements   |
|   English abstract   | Revue de presse   |

 

Une équipe de l'Université du Québec à Rimouski (UQAR), en collaboration avec Ruralys, a réalisé un inventaire et une prospection archéologiques sur l'île Saint-Barnabé (Rimouski) du 20 juillet au 14 août 2009. L'inventaire visait à identifier, à circonscrire et à caractériser d'éventuels sites archéologiques dans le secteur où aurait vécu Toussaint Cartier, seul habitant connu de l'île de 1728 à 1767, dans la perspective d'une mise en valeur touristique d'un personnage auquel les Rimouskois sont très attachés. L'histoire de l'île ne s'arrête cependant pas à ce seul personnage. La famille Lepage y a exploité une ferme à partir de 1850, des contrebandiers s'en sont servi comme repaire et des villégiateurs y ont installé leurs chalets. Elle a fait l'objet d'une exploitation forestière intensive dans la première moitié du XXe siècle, avant d'être livrée à nouveau aux chasseurs et aux randonneurs.

L'intervention archéologique a livré un nouveau site (DcEd-9) et une quantité impressionnante d'artefacts datant du XVIIIe au XXe s., qui témoignent d'une histoire de réoccupation des lieux. L'inventaire a été complété par une prospection visuelle et une collecte de surface dans la partie orientale de l'île. Cette affiche présente le projet, ses résultats préliminaires et sa dimension publique.

 
 

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L'inventaire

Le secteur d'intervention

L'inventaire s'est concentré dans le secteur où aurait vécu le solitaire de l'île. L'entente officialisée par le notaire Deschenaux entre le seigneur Lepage et Toussaint Cartier ne précise pas la localisation de la terre cédée à ce dernier, mais on sait qu'elle se situait sur la côte sud de l'île, face au cœur du village de Rimouski. Sa demeure était visible du village, car c'est l'absence de fumée provenant de sa cheminée qui alerta les Rimouskois et mena à la découverte du corps inanimé de Cartier. Sa mort laissa planer sur les origines et les motivations de l'ermite un mystère dont la légende et la littérature se sont vite emparées, du roman de la britannique Frances Brookes en 1769 à celui de Jacques Poulin en 1978.

Tourisme Rimouski

L'avocat, écrivain, journaliste, protonotaire et greffier François-Magloire Derome (1821-1880) situe la demeure de Toussaint Cartier près du milieu de l'île, du côté sud. Dans un article publié en 1880, il précise que « [l]'emplacement et le jardinet de l'ermitage se reconnaissaient naguère à d'anciennes excavations et à de légères dépressions de terrain encore parfaitement visibles ». Une prospection de surface a permis d'identifier deux anomalies topographiques, dont l'une était encadrée de quelques pierres alignées. C'est cet emplacement qui fut sondé en 2009.

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Cliché M. Savard

 
 

Clichés N. Beaudry  

 

Résultats préliminaires

Dès le premier jour, une structure de pierre rectangulaire a été exposée et les sondages ont livré des tessons de terre cuite commune vernissée. Les assemblages, très riches, témoignent en outre d'une réoccupation du site jusqu'au XXe siècle, quand un caveau et des dépressions furent utilisées comme dépotoir. Ces quelques sondages ne permettent pas encore d'associer clairement la structure à l'une ou l'autre des phases d'occupation. Sa facture rudimentaire évoque des fondations de bâtiment agricole, alors que la culture matérielle qui lui est associée présente un caractère nettement domestique.

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Clichés N. Beaudry

Une présence amérindienne

Les Relations des missionnaires ne mentionnent pas de séjour sur l'île Saint-Barnabé et un inventaire réalisé à la pointe orientale de l'île (Tremblay 1994) n'avait pas été concluant. Cependant, une présence amérindienne préhistorique et de la période de contact est bien attestée sur plusieurs îles du Saint-Laurent (Fortin & Lechasseur 1993, Tremblay 1994). L'île Saint-Barnabé ferait d'ailleurs partie d'îles souvent mentionnées dans les écrits des missionnaires comme sites de choix (Ruralys 2007). La découverte de quelques artefacts amérindiens, bien qu'ils soient associés à du mobilier plus récents dans des contextes perturbés, renforce l'hypothèse d'une présence amérindienne sur l'île.

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Clichés N. Beaudry

Cliché M. Savard

 
 

 
 

 

 
 

 

 
 

Clichés N. Beaudry

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Prospection visuelle
et collecte en surface

L'inventaire archéologique a été complété par une prospection visuelle et une collecte en surface dans la partie orientale de l'île, celle qui, d'après les sources historiques, a été la plus intensément occupée. C'est aussi la plus fréquentée par les visiteurs actuels, entre autres parce qu'elle est la plus près du quai et des autres structures d'accueil. La prospection visuelle et la collecte en surface visaient la découverte d'indices d'occupation, matériels ou topographiques, pouvant orienter de futurs inventaires. Chaque point d'intérêt a été repéré par GPS et a fait l'objet d'une brève description et d'une couverture photographique. Certains des sites possibles seront explorés lors des prochaines saisons.

 

 

Cliché M. Savard
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Une archéologie publique

L'Université et son milieu

Ces interventions archéologiques sur l'île Saint-Barnabé sont le résultat d'une volonté de collaboration entre l'Université du Québec à Rimouski et les acteurs de son milieu, notamment l'Office du tourisme de Rimouski. Elles s'inscrivent dans un contexte de mise en valeur de l'histoire de l'île, et le projet a d'ailleurs été financé au deux tiers par une subvention destinée à la diversification de l'offre touristique du Bas-Saint-Laurent.

Couverture médiatique

L'importante couverture médiatique locale a permis au projet de contribuer au développement touristique avant même le début des travaux sur le terrain. L'intérêt des medias locaux s'est maintenu tout au long des travaux. Ils ont fait l'objet de une douzaine d'articles de journaux, de sept entrevues radiophoniques et d'un reportage télévisé, ce dernier diffusé à l'échelle du Québec et sur un canal d'informations sur Internet.

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Le Rimouskois, 22 juillet 2009
 
Cliché C. Gagné
 

L'archéologie mise en valeur

Les travaux archéologiques en cours ont été présentés comme une attraction de plus aux visiteurs du kiosque d'information touristique de Rimouski et à celui des excursions à l'île Saint-Barnabé. Sur place, les travaux de terrain étaient accompagnés d'une animation et d'une mise en valeur de l'opération archéologique elle-même, les membres de l'équipe assurant l'animation en rotation. 

Près du tiers (32%) des 857 visiteurs qui ont visité l'île pendant les travaux ont fait une halte sur le site des recherches. De ce nombre, 48% ont affirmé s'être déplacés spécialement pour la visite de l'intervention archéologique en cours; elle a été une motivation supplémentaire pour 13% d'entre eux. Il semble que ces visiteurs provenaient majoritairement de la région, et plusieurs nous ont d'ailleurs confié que nos travaux étaient l'occasion d'une première visite sur l'île. 21% des visiteurs du site n'étaient pas au courant de l'intervention archéologique en cours; de ce nombre, la plupart provenaient de l'extérieur de la région.

 
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Conclusion

Le potentiel archéologique de l'île Saint-Barnabé s'est avéré excellent et d'un grand intérêt scientifique, notamment en ce qui a trait aux présences amérindienne et française aux périodes pour lesquelles les sources historiques sont muettes (avant 1728, de 1790 à 1850) et à l'identité insulaire de ses habitants. L'intérêt de la population et des médias témoignent de l'attachement des Rimouskois pour leur île et de son potentiel de mise en valeur, qui dépasse largement le seul personnage de l'ermite. Le secteur où s'est déroulé l'inventaire sera préservé et consacré à la recherche et il est prévu que les travaux se poursuivront en 2010. 

 
Cliché N. Beaudry
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Clichés N. Beaudry  

 
 

Références

Fortin, J.-C., et A. Lechasseur, 1993. Histoire du Bas-Saint-Laurent. Québec: Institut québécois de recherche sur la culture.

La Charité, C., 2009. « Toussaint Cartier ou comment on devient ermite, I: la maison », Le Mouton Noir 15.9, p. 4.

Ruralys, 2007. La conservation intégrée du patrimoine archéologique euroquébécois dans le développement régional: le territoire du Bas-Saint-Laurent. Rapport déposé au ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine. La Pocatière: Ruralys.

Tremblay, R., 1994. Rapport des activités archéologiques menées sur les îles du Bas- Saint-Laurent: été 1993. Rapport déposé au ministère de la Culture. Montréal: Université de Montréal, Département d'anthropologie.

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Remerciements

Fonds de développement de l'offre touristique du Bas-Saint-Laurent, volet 3
Fonds institutionnel de l'UQAR
Fonds québécois de recherche sur la société et la culture
Tourisme Rimouski: Jacques Desrosiers et Armand Dubé
L'équipe des excursions à l'île Saint-Barnabé
Claude La Charité 

Les membres de l'équipe 2009: Stéphane Babin, Nicolas Beaudry, Jérôme Bossé, Marc Desrosiers, Chantal Gagné, Mélanie Gagné, Mariane Gaudreau, Jessica Laguë, Dominique Lalande, Sabrina Longchamps, Urs Neumeier, Renaud Pagniez et Manon Savard.

 
 
Cliché C. Gagné
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Archaeology on St. Barnabé Island, Rimouski, Qc

A team from the Université du Québec à Rimouski (UQAR), in collaboration with Ruralys, conducted in 2009 an archaeological inventory and survey on St. Barnabé Island, facing Rimouski on the St Lawrence River. The inventory aimed at the identification, localization and characterization of archaeological sites in the area where a man, Toussaint Cartier, lived as a solitary from 1728 to 1767, while the valorisation of the history of the island is being considered. This intervention allowed the definition of a new site (DcEd-9) and yielded an impressive quantity of artefacts dating from the 18th to the 20th centuries, bearing witness to a history of reoccupations of the site. The inventory was completed by a visual survey and surface collection in the eastern part of the island. This paper presents the project, its preliminary results, and its public dimension.

 
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Revue de presse

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© 2009, 2010 Tous droits réservés
Réalisation: N. Beaudry
Mis à jour le 09 avril 2010


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